samedi 7 novembre 2015

Veille d'élections au Myanmar



Planche à billets cadeau pour Bouddha
            Voilà que ça recommence… Foutu pays… Foutue ville de Katha… Cinq heures, t'es réveillé par les voix nazillardes des nones de la pagode d'à côté… Ca n'arrête pas!... Infernal… Comme ça a éveillé tout le monde, les gens s'emmerdent et c'est le défilé aux toilettes…Tout le monde y va… Et comme les murs sont fins comme du papier à cigarettes… T'entends tout… T'imagines… A propos de ces bouddhistes… Ils claquent un fric de malade pour leurs pagodes et autres monastères… Il y a plus de bouddhas que de birmans!... Parait il qu'ils auraient l'habitude de donner 10% de leur salaire…Une dime moderne!..Du n'importe quoi… Et jamais vu autant d'enfants travailler… même dans les endroits chicoss!... Ferraient mieux de filer leur blé dans les écoles plutôt que dans les bouddhisteries!.. Après, j'dis ça, j'dis rien car si la vie après la mort existe, c'est peut être un bon placement… Mais j'm'égare.. Donc j'disais qu'après tout ce tintamarre à la pagode et aux chiottes je finis par me rendormir… Je me réveille pépère, surf sur internet dans mon pieu. Et là… Rebelote!... C'est devant l'hôtel cette fois… De la musique sortant d'une sono pourrie!..et un chanteur à la voix cassée… Il a pas gagné Myanmar Idol c'lui là…Tout ça pour de putains d'élections… Auraient mieux faits de me laisser tranquille… Youhou, ça chante pour Aung Sang Suu Kyi, l'égérie de l'occident!... Elle est vachement populaire car ses supporters sont partout au Myanmar… Une sorte de vache sacrée version birmane…Ils vont vite déchanter… Si elle gagne, les militaires se laisseront ils piquer leur place?... Hum… On peut en douter…Donner ces places toutes chaudes et lucratives juste pour avoir perdu des élections?...Faudrait être con!…Et quand bien même, elle gouvernerait, que fera t elle pour eux?... Pour ces masses incultes… Lors des récents pogroms contre les musulmans rohanis, elle a pas bronché l'égérie… Ouai, c'est avant tout une femme politique… Fallait pas perdre les voix des bouddhistes aux tendances génocidaires… Les droits de l'homme, elle les montre aux bailleurs étrangers!...Et tout cet argent pour financer la campagne… C'est des millions!...T-shirt, bouffe, locations diverses et variées, autocollants…Il faudra bien qu'elle rembourse ou se montre reconnaissante… Vous voyez de quoi je parle… Marchés publics, business et tout le tralala… C'est ça la démocratie. C'est beau de voir toutes ces voix aller comme un seul homme à l'abattoir démocratique… On l'a essayé en Occident… On voit maintenant où ça nous mène… Z'ont qu'à demander aux Arabes comment ça s'est passé leurs printemps démocratiques… Les bourgeons ont vite fané…
Les chiens aboient la caravane passe
Bien obligé, je descend voir la mascarade… Une centaine de people… Entourés de badeaux… Ca gueule, ça braille, ça piaille… Le gros du spectacle est un camion aux couleurs rouges du NLD (National League for Democraty pour ceux qui ne sauraient pas, le parti de "The Lady") sur lequel trône le mauvais chanteur et son orchestre.. On dirait Marcel et son orchestre!.. Devant, quelques dizaines de figurants dansent et haranguent la foule en faisant virevolter leurs drapeaux… Le cortège se termine par trois gros 4x4 aux vitres tintées… Enfin ils se tirent…
Maison de Georges Orwell
Je pars donc visiter la ville… Eric Blair, alias Georges Orwell pour les intimes y a vécu en tant que policier et y a écrit un bouquin je crois...Le programme du jour était callé: visite de teahouses, bouffes diverses, lecture, écriture, flanage et portraits de rue. Je bouffe donc tranquille, le fameux curry birman (qui n a rien de fameux loin de la!) et voilà que je revois la caravane rouge. Des gosses de 6 à 10 ans défilent!.. Et un gars vient m'emmerder…d'origine népalaise à ce qu'il dit… blablabla… élections… blablabla… A mon corps défendant il me fout un autocollant sur la chemise!... Il fait fuir le policier avec lequel je mangeais… sans me dire au revoir… il a du me prendre pour un espion occidental aidant à la victoire de The Lady… Donc le type me parle, me file du jus et un infect hamburger… C'est déjà ça de pris.
Je finis de béqueter et je les revois… Pause casse-croute pour eux… Trois heures plus tard, je suis calé dans un tea house à siroter un milkshake et…encore eux!!... A croire qu'ils me suivent!.. En ont pas mare de faire les guignols!?.. Et tout ça pour quoi au final?... Je vous le demande… Quoi qu'il arrive, les puissants auront les fruits, les gros, les juteux et eux les miettes… Mais tout n'est pas à jeter dans cet élan démocratique… Le soir, j'ai rencontré des jeunes et j'ai pu manger et boire à l'œil!... C'était la full moon d'octobre, une des plus importantes bondieuserie birmanes où des lanternes sont allumées partout dans le pays ...Bien installés à regarder les feux d'artifices, on se l'ait bien collé...Proprement...Et on a continué au karaoké!... L'ambiance!..Je vous dis pas...Nos cranes s'en sont bien souvenus le lendemain

Oula, il est temps que je referme la boite de pandore sur mon moi misanthrope et infréquentable. C'est vrai que depuis 3 ans et la 'démocratisation' du régime, les journaux, les chaines de télévision se sont multipliées et ils n'ont rien de neutre, attaquent frontalement le gouvernement et l'ex junte. Alors qu'il y a quelques années, une puce de téléphone coutait plus de 1000 euros, elles sont désormais à 1 euro, et il n'y a même pas besoin de carte d'identité pour en acheter. Moins facile de fliquer les gens! Les langues se sont déliées, les gens parlent ouvertement de politique. Un vrai souffle de changement s'est répandu sur le Myanmar.
Ce qui parait plus étrange, c'est que le NLD est tellement omniprésent que l'on est tenté de croire que c'est le Parti Unique du Myanmar. Cela tient en grande partie sur le charisme d'Aung Sang Suu Kyi. Elle a un nom, c'est la fille du père de l'indépendance qui a fini tragiquement assassiné. Elle a une histoire, faite de privations pour son pays, elle a passé des années en résidence surveillée. Elle serait droite et honnête alors que la junte est corrompue. Son portrait trône dans le salon de millions de Birmans, des bars ont des autocollants NLD sur toutes leurs tables… 

 Ce qu'il faut leur souhaiter c'est que les élections se passent bien. Et surtout l'après élection… Inch Allah ou plutôt Inch Bouddha.
Hasta la victoria siempre

dimanche 1 novembre 2015

En route pour le lac Indawgyi

Je suis sur la terrace de ma guesthouse contemplant le lac de Genève baigné de soleil les pieds en éventail. Ca et là, quelques nuages épars rappellent que la saison des pluies n'est pas tout à fait terminée. 



Le lac Indawgyi, c'est la Suisse birmane. Outre le lac bordé de montagnes, il y a des chalets partout. Ou plutôt des chalets sur pilotis. Des vaches paissent en toute tranquillité et l'on s'attend à voir apparaître du chocolat Milka et des marmottes qui mettent le chocolat dans le papier d'alu. C'est un coin fabuleux. Paisible. Reposant. Inspirant. Comment ne pas être stimulé dans un tel cadre et transporté dans des contrées lointaines? Des pêcheurs sortent leur pirogue pour aller relever leurs filets. Le martellement des charpentiers se fait entendre. J'entend le bruit rotatif des machines à coudre. Une odeur épicée s'échappe des marmites des vendeuses de rue. Des élèves jouent à leur étrange tennis ballon local. Des chants s'élèvent de la pagode.
La Guesthouse est du reste en tant que tel un hymne à la contemplation comme un hôtel posé sur les bords du lac Léman. Il faut traverser une passerelle de 50m entourée de nénuphars avant d'atteindre le bâtiment. Les chambres sont simples mais avec vue sur le lac. L'exigüité de l'endroit, seulement huit chambres, le rend éminemment chaleureux.
Mais que ce fut compliqué d'arriver à cet endroit presque coupé du monde. Et oui, la connexion internet est tellement lente que les gens ne peuvent pas aller sur facebook ou what's ap! A notre époque hyper connectée, c'est la définition d'être 'coupé du monde': ne pas avoir facebook. Même au Myanmar. Alors qu'il y a 5 ans, la frontière du monde civilisé était avoir le 'réseau' ou ne pas en avoir. Départ la veille de Mandalay par le train de 13h30. Le guichetier m'avait dit 10h de trajet pour arriver à Houpin. Finalement, une fois dans le train, le contrôleur m'annonce que l'on atteindra la destination seulement vers 7h du matin! Sacrée différence. Au moins, j'économise une nuit d'hôtel!


C'est un vrai tortillard. Je pourrais sauter du train et remonter en marche tellement il est lent. Le train cahote, toussote, fait des bons au dessus des rails pourris. Un vrai 4x4 dont les amortisseurs seraient très très fatigués. On sait qu'on va dérailler mais on ne sait pas quand! Deux tickets pour le prix d'un: le trajet Mandalay - Houpin et le train de la mine de Disney. Ca tangue tellement qu'un gamin tombe de son siège. Le train est lent mais c'est beau. Il passe au milieu des rizières qui s'étirent à perte de vue. Pas un acre de terre n'est inutilisé. Le riz est omniprésent, les champs étant délimités par des canaux savamment creusés et par des palmiers servant à la vannerie locale. De temps en temps, des pagodes cassent cette monotonie. Je me vois dans les reportages 'Des trains pas comme les autres' que mon grand père maternel nous passait pendant les vacances. Une des émissions qui a forgé mon envie de lointain. La nuit venue, j'essaie de dormir mais la lumière du wagon n'a pas été éteinte. Je soupçonne les contrôleurs de ne pas éteindre pour que le branchement hasardeux qu'ils ont fait en début de trajet - à savoir raccorder une prise au courant électrique pour pouvoir charger les téléphones portables - fonctionne toute la nuit. Mais les sièges sont confortables donc bon an mal an, je somnole un peu. Descente à 7h du matin. Quelqu'un me voit, demande si je vais à Lonton. Il a déjà un australien derrière lui. Ce dernier est "Chef", a démissionné, est parti 4 mois en Asie du sud-est, sait faire seulement les classiques de la cuisine française et joue troisième ligne aile au rugby. Avec sa barde aussi bien fournie, que sa calvitie est déjà impressionnante, lorsqu'il essaie de faire comprendre aux birmans sont âge sur ces doigts, ils pensent qu'il a 42 ans et non 24. Nous mettons nos bagages dans le pick-up mais le départ est fixé à 10h. J'en profite pour faire réparer et recoudre les hanses de mon sac d'ordinateur. Il a moins d'un an. L'obsolescence programmée, c'est l'enculerie du consommateur. A la base des hanses, où ça devrait être le plus solide, ils ont mis un tissus de merde. Pour que ça casse rapidement évidement. Vu le prix d'achat, c'est abusé. En France, je l'aurais remplacé, financièrement, ça ne valait surement pas le coût de le réparer. En fait, je n'aurais même pas eu l'idée de le faire raccommoder. Ici non plus, je ne l'ai pas eu au départ. La civilisation du jetable m'a tellement bien formaté. Le travail a l'air bien fait - 45min quand même-, et ne m'a couté qu'1 euro. 
10h30, le véhicule part enfin. Direction police pour qu'on présente nos passeports. Vu la venue pour le moins inopinée d'un policier deux heures plus tôt et de sa manière brusque de parler au chauffeur du pick up en ponctuant ses phrases de passport, France, Australia, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir aller au lac. C'est une ancienne zone interdite aux étrangers du fait des troubles récurrents entre l'armée et des groupes rebelles Chans. Finalement, ils nous enregistrent en prenant des photos de nos passeports au téléphone portable et c'est bon. Le pick-up refait trois fois le tour de la ville pour reprendre des gens et des marchandises. Plein comme un œuf, il s'élance sur les contreforts d'une chaîne montagneuse. That's is the life. Ca c'est l'aventure! A l'arrière d'un pick-up qui surplombe des à pic, les cheveux au vent, entouré de personnes ne connaissant aucun mot d'anglais! Le tout dans un paysage époustouflant. C'est 'ça', ce sentiment de puissance, de jouissance plus intellectuelle que physique que l'on recherche (en tout cas moi) en partant vers de tels endroits. Même si je ne suis pas, et de loin, le premier étranger à venir, je me sens pousser les ailes d'un Aventurier du XIXème siècle. S'il ne manquait pas quelqu'une, ce serait parfait... La voiture nous dépose à l'unique guesthouse du lac vers 14h. 3h30 de trajet dont seulement 1h à rouler. Le reste du temps, ce fut charger, décharger et mettre de l'eau dans le radiateur pour pas qu'il ne chauffe trop.

                                        
Je dois maintenant parler du moment le plus intense et marquant de mon passage au lac Indawgyi. J'appréhende. Quels mots vais-je utiliser, réussiront ils à le retranscrire fidèlement et à le faire partager à d'hypothétiques lecteurs? Pourtant, les phrases se créent dans ma tête à l'instant où je vis ces aventures, tel un roman et il suffirait simplement d'imprimer mes pensées sur papier. Mais ce n'est plus aussi simple devant le clavier...
Je sors de la Guesthouse pour aller me restaurer et flâne dans la rue principale (l'unique rue goudronnée du village en fait). Au bout de 500 mètres, sur la droite de la route, beaucoup de gens mangent sous une bâche. Ca ne ressemble pas à un restaurant, ça sent la location de bâche pour une cérémonie comme en Afrique. Une femme d'une quarantaine d'année me hèle et me fais signe de venir. Je m'exécute et l'on m'installe à une table avec d'autres hommes. Le repas est succulent. Riz, plats en sauce avec piment, poulet, porc et petits légumes. Personne ne parle plus de trois mots d'anglais. Lorsque l'on n'arrive pas se comprendre, on est transporté dans un film muet du début du siècle dernier. Des gestes, des sourires, des onomatopées. Les sketches s'enchaînent. Au Myanmar, pour faire comprendre où est la France, il me suffit de dire Zinedine Zidane, ça marche toujours, tout le monde se souvient du coup de boule en finale de la coupe du monde 2006. Par contre, nos Présidents sont ici d'illustres inconnus au contraire des Benzema, Martial, Pogba et autres Cantona. Il y a une caisse en bois sous la maison qui accueille les invités ressemblant vaguement à un cercueil. Ce doit être un deuil mais je n'arrive pas à en savoir plus. C'est cynique de dire ça mais je suis bien chanceux qu'une vieille femme de 69 ans soit morte quelques jours avant mon arrivée. On est trop nombreux sur terre de toute manière. Surtout les vieux, à quoi servent-ils? Lorsque je remercie les cuisinières, elles veulent me faire une farce, il faut que je goutte du piment, direct, dans ma bouche. J'en prend, fait semblant de m'étouffer et tout le monde s'esclaffe.
Le linceul en pleine salle de jeu
Nous revenons le soir avec l'australien. Le repas est plus frugal, seulement soupe de riz au poulet. Nous arrivons à comprendre que le corps est à l'étage et lorsque nous l'atteignons, une cinquantaine d'hommes de 20 à 70 ans sont assis en quatre cercles. Dans les trois premiers, ils jouent au 21, 'the national game'. Mais pas pour le plaisir. Il y a des liasses de billets partout, les paris cristallisent l'attention. Le dernier cercle est composé des plus vieux qui ne vont que discuter. Un point commun à tous, ça picole et fume le cigarillo local. Malgré la barrière de linguistique, au fur et à mesure de la soirée, les verres de whisky 'High Class' - un tord boillaux de riz dégueu- et les volutes de fumée délient les langues, les rires sont plus francs, plus forts. La conversation reste on ne peut plus basique tout de même: c'est à qui est le plus fou, qui parle le mieux anglais et tient le mieux l'alcool. Toute cette vie, ce tintamarre fait oublier qu'au fond à gauche de la pièce, un corps est recouvert d'un drap blanc… Etrange atmosphère, loin de la lugubriété de nos deuils occidentaux. Malgré tout, lorsque j'ai fait ma donation à la fille de la défunte, ces yeux était rougis par les larmes. Et en même temps je n'arrive à percevoir que la neige de la partie visible de l'iceberg. Je ne peux saisir les fils, tensions, obligations, dons et contre dons qu'il y a derrière. Ces funérailles - festivités ont du endetter ou en tout cas avoir bien amputé le budget de pas mal de gens. La séparation sexuelle des tâches apparait ici dans sa totalité, sans faird: aux femmes la cuisine, aux hommes l'alcool et les jeux d'argent. Est-ce pour punir Eve d'avoir pêcher en premier et d'avoir kick off our ass du paradis que ce furent ensuite les hommes qui purent faire les plus gros pêchés et ainsi profiter des meilleurs fruits de la vie?
Rendez vous est pris pour le petit déjeuner, et lorsque je rentre vers minuit, la salle est encore bondée.

Le lendemain, je loue un scooter chinois à 4 vitesses, le même modèle que j'avais lorsque j'habitais à Ferké dans le nord de la Côte d'Ivoire. Je suis la berge du lac. Entre goudron et piste, les souvenirs et la nostalgie me prennent. Les zigzags pour éviter les trous sur les pistes. L'air frais qui s'engouffre dans le casque. La panne d'essence en face d'un vendeur de bouteilles d'essence frelatée. Je flâne et m'arrête au grès de mes envies. Les gens m'apostrophent, on essaie de baragouiner quelque chose d'intelligible. Des femmes récoltant du riz me font des grands gestes pour m'inciter à les rejoindre. Métier pas facile, sous un soleil de plomb, le corps recouvert de la tête aux pieds, elles coupent les plans à la faucille et en font des tas. Je m'y essaie mais ce n'est pas concluant. Les hommes viendront les ramasser plus tard, les porteront sur leur dos et les mettront dans des charrettes tirées par des bœufs. Mise à part qu'ici elles sont neuves, ce sont les mêmes que celles qui pourrissaient dans la grange de ma grand-mère. 
                                             

jeudi 3 septembre 2015

Cedric ou pas Milet

19/07/15 
Je suis pour que soit écrit un guide du baroudeur qui interdirait d'établir des campings en plein centre ville!! Ce qui nous a semblé plutôt une bonne idée s'est avéré être une grosse boulette; faut dire que dans le guide le camping était plutôt bien vanté: ombragé, piscine, près de la marina, à un jet de pierre du centre ville...etc. ils ont omis de préciser que la nuit leur restaurant se transformait en night club!! Je n'ai pas pu fermé l’œil de la nuit entre les décibels des derniers tubes à la mode et ceux émis par mon cher et tendre, j'ai bien eu du mal à me détendre!
Bref ne nous étalons pas sur cette nuit, on s'y prendra autrement la prochaine fois! Aujourd'hui nous allons à MILET (vous saisissez! Cédric est persuadé que ses ancêtres viennent de cet ancien port. Je parie même qu'il pense à Thalès!) Après plusieurs changements de bus où les Turcs avec qui nous avions discuté semblaient bien curieux de savoir qu'est ce que nous allions y faire! Nous sommes seuls dans le bus! le seul qui va vers cette ville fantôme! mais que ne ferai-je pas par amour? Cédric trépigne d'impatience! il fait plaisir à voir, un vrai gamin!
Vue de Milet


Milet! je retire ce que j'ai dit plus haut pas si fantomatique que ça, il y a quelques touristes! Des Turcs pour la plupart de retour de DIDIM. je suis Cédric dans les "méandres" de cette cité ruine qui parait-il était un port important! Alexandre le grand en avait fait un poste avancé!
L'entrée du port de MILET
 Entre deux ruelles Cédric décide d'aller creuser plus en profondeur (il espère trouver des pièces d'or!) 
Moi attirée par Appollon je m'approche de son temple 
Moi devant le temple d'Apollon (la photo est prise à contre jour ne jugez pas!)

Pas grand chose à voir mais bon je m'amuse à sauter de pierre en pierre quand un garde sur une moto me crie depuis la route de revenir: le seul bus qui dessert MILET  pour DIDIM vient d'arriver il faut redescendre vers la guérite! je crie à Cédric perché sur une colline "Cédric le bus pour Didim!!!!" en lui faisant des grands signes pour qu'il revienne. il me repond "Ok!" et me voilà partie au pas de course par 38°c un sac pas si léger que ça au dos! Je reussis à me perdre, dieu seul sait comment! Un berger obligeant me remet sur mon chemin. Ouf le bus est encore là, le chauffeur me fait des grands signes; vite vite il faut monter à bord! Mais stop! où est Cédric? je demande à  la guérite personne ne l'a vu! Punaise!!!! le chauffeur ne peut pas attendre, il a ses horaires voyez-vous. Il me propose tout de même d'abandonner ce baroudeur (c'est tentant mais non), je refuse et redescend nos sacs. Mais quel aventure! Que d'émoi pour Milet et 3 ou 5 fonctionnaires! 
Une famille ukraino-turcque avec qui j'avais sympathisé devant Apollon, me prend en pitié et m'offre de partager une boisson fraîche avec eux! ils sont comme ça les turcs!  les demoiselles en détresse ne les laissent pas indifférents! 5 min plus tard voilà enfin Cédric qui fait son apparition! Mais enfin Cédric! on a raté notre bus!! "ah oui?! quel bus?!" et là j'apprends que quelques minutes plus tôt il avait compris de ce que je lui avait crié: "Cedric je treechhhh...dimin!!!" et que j'avais tourné le dos fâchée de l'attendre sous le soleil! franchement! je suis vexée! je ne suis pas si susceptible que ça! (enfin pas tout le temps). 

mercredi 2 septembre 2015

48 h à Diyarbakir: rires et peur sur la ville

Le 31 juillet, nous nous sommes levés à 4h du matin pour voir le lever de soleil sur le mont Nemrut près de Malatya la capitale mondiale de l'abricot. Rien à dire, magnifique. C'est le fruit de l'ego démsru'un roi oublié et mégalomane, Anthiochos Ier (1er siècle av JC)




Puis partons pour un périple vers Diyarbakir où nous arrivons vers 14h en compagnie de Ramash et Jules, une iranienne et un français. Nous quittons la Turquie touristique pour rentrer dans l'est de la Turquie, le "Kurdistan", à 150 km de la Syrie. Nous avons définitivement quitté l'Europe pour rentrer en Asie dans un "no tourist land" où quasiment plus personne ne parle anglais.
Diyarbakir est à la fois la plus grand ville du Kurdistan turc mais est aussi sensée être l'agglomération la plus virulente du nationalisme kurde. Des dizaines de milliers de personnes y ont fuit le sanglant conflit des années 90 entre l'Etat Turc et les indépendantistes du PKK. Une trêve était en cours depuis 2012 mais il y a quelques jours, l'armée turque vient de reprendre les bombardements sur les bases du PKK pour lutter contre  le terrorisme et l'Etat Islamique. Le PKK répond en attentats ciblés sur des militaires. Bref, le cycle classique d'attaques - représailles. Nous y allons quand même, c'est pas Bagdad non plus.
Nous trouvons un hôtel dans le centre ville à l'intérieur de fortifications. Ces puissantes murailles de pierres noires qui s'étendent sur 10 km et surplombent le Tigre, protégeaient cet important carrefour de la route de la soie. Nous passons d'après midi à nous reposer puis sortons diner. Au coin de la rue deux inconnus nous abordent. Ils disent s'appeler G. Bush et Obama. En fait, un travaille pour l'entreprise française Pérenco et l'autre est infirmier. Ce sont de vrais comiques (d'ailleurs, le même soir deux individus nous referons la même blague. A croire que le Jamel Comedy Club local est tourné ici). Ils nous amènent un bon restaurant, et on s'est donné rendez vous plus tard pour boire un verre. Notre diner finit, nous les recroisons dans la rue puis allons chercher Jules et Ramash. Direction le marché et un petit caravansérail, endroit branché où l'on boit du vin turc acceptable. Emmah revit. Enfin du vin! Seul bémol, des attaques de chauve souris nous couvrent de fientes!

Le lendemain matin, Emma et moi partons avec nos compagnons à la découverte du célèbre petit déjeuner de Diyarbakir et nous ne serons pas déçus. Nous entrons dans un magnifique caravansérail du XVIème siècle. La cour et recouverte de toiles, les brumisateurs adoucissant la température donnent une impression de poussière soulevée par les dromadaires qui se reposeraient. L'atmosphère est magique, les milles et une nuits sont devant nous. Le premier étage est rempli de restaurants servant des brunchs. Ils sont pantagruéliques. Je n'ai jamais vu ça. Pas moins de vingt plats nous sont servis! Quatre sortes de fromages, trois yaourts différents, des œufs, du miel, des crudités, omelettes... C'est le palais des délices. J'y ai mis du mien mais n'avons même pas pu en finir la moitié.

Nous commençons alors la visite de la vieille ville. La grande mosquée du XIème siècle fut construite par les sultans Seljukides. Bien différente des mosquées ottomanes, elle n'en est pas moins magnifique. Elle alterne les pierres noires et blanches et est un patchwork des différentes civilisations qui se sont succédées. Des colonnes romaines et byzantines ont été réutilisées. De l'intérieur se dégage une impression très paisible. Il fait frais sous les climatiseurs. Des dizaines de vieux sont là à prier, discuter ou simplement dormir. On comprend mieux la vie réglée des retraités turcs. A midi au frais à la mosquée avant d'aller vers 17h dans les caihane (boutiques dédiées à boire du thé) en jouant aux cartes ou au dominos.
S'ouvrent ensuite des ruelles plus sinueuses, plus obscures. Les habitations sont de plus en plus délabrées et les gens plus pauvres. Nous atterrissons dans le centre culturel kurde puis commençons à bavarder. On nous fait installer, nous offre du thé Apparemment, c'est ici qu'il y a des représentations de chants kurdes. "Vous voulez entendre?" " Bâ oui pourquoi pas". Et en quelques minutes une vingtaine d'hommes apparaissent comme par miracle. Et alors les plus anciens se mettent à chanter l'un après l'autre. C'est magnifique, mélancolique, entêtant. Ramash se met à pouffer. Le kurde étant proche du perse, elle comprend en grande partie.  Et ce ne sont pas des chansons de bisounours. Il s'agit d'amours transis, de belles poitrines et d'actes de chevalerie.

Etrange ville où l'on t'offre du thé, où des enfants te conduisent pendant 15 min pour arriver dans une Eglise Syriaque pour voir deux bouts de pierres qui dateraient du IIIème siècle (une des plus ancienne Eglise du monde), où les femmes veulent que tu les prennes en photos mais où aussi des gamins foutent le feu à un carton, jouent au football avec en te poursuivant et où les jouets vendus à la gare routière ne sont pas des voitures comme dans le reste de la Turquie mais des pistolets en plastique. C'est ce qui rend l'atmosphère de cette cité si particulière. Une dichotomie entre l'accueil chaleureux des gens et un je ne sais quoi qui rend mal à l'aise. Ce sentiment se vérifiera plus tard dans la soirée.
Nous nous mettons à suivre les remparts mais les filles sont fatiguées. Ah les femmes... Donc après avoir entr'aperçu le Tigre direction l'hôtel. Après avoir diné, nous allons au bar à vin de la veille. Emma teste son fume cigarette en écume de mer acheté à Gorémé. Des pétarades répétées se font entendre. Ce n'est pas loin. Sont-ce des pétards ou des tirs d'arme? Aucun des deux. Nous voyons rerentrer des clients en pleurs. Gaz lacrymogène. Cinq minutes après la snob Emma, Emma la pleureuse! Les autres clients restent zen. Pas de panique. Ils écoutent les bruits, les tirs qui vont et viennent. Ils partiront petit à petit, groupe par groupe. On se décide enfin à partir, pas très rassurés. L'air est encore saturé de gaz. Les magasins ferment rapidement mais les gens marchent normalement dans la rue. Devant le commissariat, les policiers - supersexy d'après les filles - discutent entre eux comme si de rien n'était. Etrange soirée. Nous avons évidement été assez marqué. Mais au vu des réactions des locaux, c'est comme si c'était une soirée normale à Diyarbakir....

 

vendredi 7 août 2015

Olympos: entre splendeur Hyppie, Aqualand et Indiana Jones

Vendredi 20 juillet nous finissons notre croisière de 4 jours et échouons à Olympos, une ancienne cité Grecque reconvertie dans le tourisme balnéaire. Mais elle est bien connue des backpakers pour être la Mecque turque des Hippies. Il y a 20 ans ça devait être sympa mais maintenant à tous les coins de l'unique rue ont poussé des cabanes dans les arbres ou à raz du sol. 

Un des multiples Tree Houses Hotel d'Olympos

On a réservé notre hôtel à l'arrache et on atterrit dans une sorte de Club Med pour Turques. Beaucoup de jeunes et des familles. Elle est-y pas belle notre cabane?



Malheureusement, c'est le pire coin d'Olympos pour dormir. C'est juste au dessus du resto, des poivreaux font du bruit toute la nuit. A 8 heures du matin, deux jeunes femmes sont encore à cuver leurs bières allongées sur des tables-. Pour couronner le tout, la seule boîte d'Olympos est à 100 mètres. Autant dire que ma princesse Emma n'a pas trop apprécié la nuit. Moi non plus.
Les dessous de notre cabane

L'après midi, je m'étais rendu à la mer en passant par l'antique cité d'Olympos fondée au cinquième siècle avant JC. Malheureusement, je n'avais pas d'appareil photo (vous aurez donc compris que les photos qui suivent viennent de Google Image). Je me suis toujours demandé pourquoi dans les romans il n'y avait jamais d'illustrations ou de photos. Donc avant tout, je dois introduire la lumière. Il est 16h30, le soleil commence a décliner et projette ses rayons orangés faisant ressembler le paysage à l'Eldorado méditerranéen. Le site est impressionnant. Une allée centrale empruntée par les plagistes et tout autour une cité entière en ruine dans laquelle poussent pins, chênes et autres ifs. Une rivière coupe la ville en deux. Dès que tu t'éloignes de la voie principale, tu es seul et tu te sens Indiana Jones dans la jungle à la recherche des rubis perdus de Takarnak 1er. 
                                                   
Suivant les panneaux ou d'autres plagistes, certains s'aventurent dans les ruines. Des canaux serpentent dans la cité. Ils sont investis par quelques familles et groupes de jeunes hippies faisant ressembler l'endroit à un improbable Aqualand au milieu de la jungle. Une citadelle se tient sur un éperon rocheux surplombant à la fois la mer et la ville. La montée est rude. Dès que l'on bascule au sommet, les entêtant bourdonnements des cigales et de la sève saturant les narines  sont remplacés par le brouhaha lointain des vacanciers profitant de la Méditerranée. Vue magnifique et hors du temps. Envie de se caler, de savourer. Même un préservatif traîne dans un coin. Vu l'impression de puissance qui se dégage de ce lieu, le moment a du être intense...




Plage vue de la citadelle


Je redescend, pars me perdre dans la foule pour prendre un bain dans les eaux turquoises. La vie est là, la joie des gens se ressent. De vivats se font entendre lorsque des jeunes sautent d'une dizaine de mètre dans la mer. Retour dans le calme de la cité. Je me perd dans la nécropole. La couleur et la texture de la pierre me font penser à mes grands parents de Moncrabeau dans le Lot et Garonne. Ils habitaient dans une vieille dépendance. Vu l'état de délabrement avancé de la maison bourgeoise originelle, ils avaient dû la détruire avec la majorité des bâtiments qui l'entouraient. Enfant, j'arpentais les décombres pendant des heures m'inventant d'improbables royaumes dans lesquels les fourmilières et les taupinières étaient de puissantes cités. J'y trouvais aussi des bouts de poteries, de pierres sculptées ou de silex qui étaient autant de vestiges d'Empires engloutis. 
                                                     

jeudi 30 juillet 2015

Au pays des merveilles

Il arrive un moment où l'on se dit lorsqu'on est en couple "ah ça oui il m'aime!"  des moments comme ceux là je vous souhaite d'en connaitre! Parce que si un homme est près à braver le ridicule pour vous voir heureuse, c'est le bon! Voilà ce que je me suis dit ce jour-là à Antalya lorsque (rappelez-vous mes souffrances lors de la croisière) mon héros, mon prince (plus-que-charmant) à décidé de m'amener; devinez où? Au MUSÉE DU JOUET!!!! 
ô joie! ô merveille!! Un endroit qui semblait être créé rien que pour moi! ( et pour les autres enfants qui y étaient avec leurs parents). Aller de pièce en pièce  à la découverte de l'histoire des jouets au fil des siècles,  et tomber sur la panthère rose grandeur nature! ou encore sur Tom qui guette l'éclosion d'un nid d'oiseau! Et Cendrillon devant son carrosse-citrouille!
Et les Daltons! Et ce cher Rantanplan!!!
j'aimerai pouvoir vous décrire pièces après pièces les jouets qui étaient exposés, mais ce serait mentir que de prétendre que je ne me suis pas attardée plus que de raison devant  les maisons de poupées ou les services à thé!

                                                   

Faudrait reconnaître pour ma défense qu'au début du 20e siècle ceci n'était pas considéré comme étant des jouets mais plutôt de véritables œuvres d'art dans le détail que l'artisan apportait à sa création. Rien que d'écrire ces lignes me replonge dans l'extase que j'ai ressentie en ce moment-là! Tout ce qui me reste à vous dire c'est si jamais vous passez par la cote turquoise allez-y! Il n'y a pas de honte à retomber en enfance!

vendredi 24 juillet 2015

port de Fethiye Turquie

 Et voilà c'est fini la croisière sur  les eaux turquoises de la cote turque! On retourne à l'intérieur des terres à la recherche d'autres antiquités et de nouveaux paysages! Que dire de ces 3 jours? Comment vous les décrire?  En quelques mots? 
C’ÉTAIT DUR! 
compagnons de croisière au sec!

quel ennui!

Essayez d'aller en croisière quand vous ne savez pas nager et vous me direz ce que vous ressentez lors qu'à chaque arrêt, vos compagnons de voyage se jettent (littéralement) par dessus bord! C'est dur! Surtout si vous êtes dans votre mauvaise période mensuelle ( les filles me comprendront), la frustration se mêle au ballet des hormones! on en vient à prier "pitié!! que ce bateau accoste!"
cheri qui vous soutient!!!

Votre cher et tendre essaye bien de vous comprendre,  de vous soutenir mais sa peau qui se dore au fil des jours démontre bien qu'il n'y met assez du sien! 
chéri bronzé!!!

Je ne m'attarderai donc pas à vous décrire la beauté de la côte ; les quelques photos que voici le feront pour moi! Mais c'est décidé je vais apprendre à nager! Je me demande s'il existe une appli pour le faire?!

lundi 20 juillet 2015

Les questions du 17 Juin

1. Est ce que tous ces gens qui grimpent sur ce sol d'une blancheur immaculée vont faire du ski sur un glacier par 40° à l'ombre?

A L'ORIGINE DES PREMIERS MILHET

Ca a commencé comme ça. A l'origine était Milet. Depuis que je suis en âge d'ouvrir des livres sur la Grèce Antique, la ville de Milet avait une sonorité particulière à mes yeux. Milet / Milhet, c'est pareil, au cours de l'histoire, un H s'était incrusté mais c'est un détail, mes ancêtres sont forcément de là-bas, je suis un héritier des milésiens! Et quelle lignée! Thalès de Milet fondateur de l'arithmétique occidentale, de la philosophie avec l'eau comme principe directeur explicatif de l'univers, Anaximandre son illustre disciple, Hyppodamos l'inventeur de la ville en damier ou encore Isidore l'architecte de la basilique Sainte Sophie d'Istanbul... Une ville qui au faît de sa splendeur dirigeait plus de 100 colonies partout en Méditerranée! Je n'en était pas peu fier.
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Thalès de Milet
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L'extension de Milet avec ses colonies
  

Je me suis donc bercé d'illusions sur cette ville mythique à mes yeux. Et voilà que je la découvre enfin en chair et en pierres! Pour être honnête,   même si ces ruines attireraient des millions de touristes en France, en Turquie elles font pâles figure comparé à Ephèse, Hiérapolis ou encore Priène bien qu'il y ait le plus grand théâtre d'Asie Mineure, des temples, d'impressionnantes thermes, la tombe d'un général d'Alexandre... Mais surtout, elle s'étend sur des dizaines d'hectares au milieu de nul part. Il n'y a pas de clôture, des troupeaux de moutons paissent aux abords des temples antiques. Seulement un dixième, peut être même un centième de la ville a été excavé donc où que l'on aille, des pierres, poteries, sculptures sortent du sol. Ici, ce ne sont pas des silex que les agriculteurs retrouvent dans leur champ mais des colonnes! Cet aspect encore sauvage et la solitude qui s'en dégage, seulement troublée par les quelques rares touristes, m'a permis après toutes ces années de faire les congossa avec mes augustes ancêtres. Ils ont béni ce voyage. Amen. 

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