J'arrive à Hangzhou par le train
à grande vitesse. Dans le classement des places to go 2015 du New York Times,
cette petite métropole de 5 millions d'habitants arrive en cinquième position.
( Evidement, la région de Bordeaux Val de Garonne arrive en première place :)
Lorsque je sors de la gare, c'est
comme si j'avais été télé transporté. J'ai changé de galaxie. Un indéfinissable
brouillard marron-gris empêche de voir à plus de 209 mètres. Simple brouillard?
Hiver nucléaire? Pollution? Il ne pleut pas mais incompréhensiblement la moitié
des passants ont toujours leur parapluie ouvert. Est-il possible que ce soit pour
se protéger des pluies acides? Il faut dire qu'en Chine, s'il y a bien un
cliché qui ne déçoit pas, c'est bien la pollution. Mais durant nos cinq jours à
Pékin, nous avons tout de même eu deux jours relativement propres. La pollution
de l'air excédait seulement de très peu le seuil alerte maximale à Paris! Le
soleil et le bleu du ciel étaient même visibles!
Hangzhou est connue pour son lac
de l'ouest. Il n'a eu de cesse depuis plus de mille ans que d'être célébré par
de nombreux poètes. "Il y a le paradis au ciel. Sur Terre il y a
Hangzhou" écrivit le poète Chaoying au XIVème siècle. Marco Polo, qui la traversa
(en tout cas, c'est ce qu'il dit) lorsqu'elle était la plus grande cité du
monde, l'appela la "ville céleste". Mais des eaux limpides du lac,
des montagnes verdoyantes qui l'entourent, je n'ai pas vu grand-chose… Des
chemins sinueux serpentant à travers un paysage d'estampe... Des pavillons
apparaissant dans la brume… Je me perds dans des jardins de pierres centenaires…
Ces bâtiments et jardins se combinent pour créer une fusion entre l'être humain
et la nature. Je débouche sur une berge menant dans un contrée incertaine. Des
bateaux sont amarrés ça et là. Le mauvais temps a mis les bateliers au chômage
technique. L'atmosphère est étrange. Glaciale. Une atmosphère de bout du monde.
Je m'attends à tout moment à voir apparaître comme dans la Divine Comédie, Dante et Virgile et à devoir les accompagner sur
une des barques dans la traversée du Styx qui les mènera vers les enfers. Vers cet
enfer que l'Homme crée sur Terre dans sa quête effrénée d'une croissance
infinie. Je cherche un échappatoire. Des bicyclettes parquées près des flots.
Hangzhou est la ville au monde où il y a le plus de vélos en libre service!
Lueur d'espoir pour la Terre? Ou bien ces cyclistes ne portant pas de masque
pédalent vers leur cancer du poumon?
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